Hôtel du Nord, le film

Hôtel du Nord, le livre

En 1938, Marcel Carné adapte le roman de Eugène Dabit à l’écran « Hôtel du Nord », lauréat du prix populiste de 1929. Eugène Dabit n’est autre que le fils des propriétaires de l’Hôtel du Nord, le long du canal Saint-Martin. À cette époque, l’Hôtel du Nord est une source d’inspiration pour le roman, qui retranscrit les vies simples de parisiens ordinaires, mais « hauts en couleurs ».
Malheureusement, Eugène Dabit mourut en 1936 de la scarlatine, sans avoir vu son interprétation portée à l’écran.

Le synopsis du film

Paris-1938. Dans un hôtel proche du canal Saint-Martin, on fête une communion. Les clients de l’hôtel et les patrons célèbrent l’événement autour d’un repas. Au cours du repas, un jeune couple d’amoureux vient louer une chambre dans le but de se suicider. Pendant la nuit, le coup de feu retentit, la jeune femme est blessée et le jeune homme disparaît. Les hôteliers accueillent la jeune femme pour sa convalescence et l’embauche en tant que serveuse. Sa vie sera mêlée à la vie de l’hôtel et bizarrement d’un autre couple truculent, une fille et son proxénète…

La préparation du film

Marcel Carné, fort de son succès avec le film Quai des Brumes, se voit proposer par le Président de la société de production Sedif, Joseph Lucachevitch, de faire tourner Annabella, une jeune actrice montante du cinéma français, à la beauté virginale et au physique de l’idéal féminin de l’époque. Les films dans lesquels elle tournait se vendaient particulièrement bien en Europe Centrale. Marcel Carné pensa à son ami Jacques Prévert pour l’adaptation et l’écriture du scénario mais le planning de ce dernier ne le permettra pas. C’est alors que Marcel Carné s’en remet à Jean Aurenche et Henri Jeanson pour le scénario et les dialogues qui sont séduits par le projet et l’univers d’un modeste hôtel du Paris des années 1930. Jeanson appauvrit les rôles des jeunes amoureux du roman pour créer tout le piment et le charme des personnages incarnés par Arletty et Louis Jouvet.
Politiquement, Hitler envahit la Tchécoslovaquie, il faut faire vite pour tourner le film car les techniciens du film peuvent être mobilisés par le conflit.
Parallèlement et afin de préparer son film, Marcel Carné accompagné de son colocataire Maurice Bessy (à cette époque, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Cinémonde) se rendent à l’Hôtel du Nord afin de s’imprégner du lieu et son atmosphère. Cinémonde publie l’article de cette visite, signé de Maurice Bessy, le 25 août 1938.

Les décors mythiques du film

Carné et son producteur pensait qu’il était impossible de tourner en décor naturel du film, sur le canal Saint-Martin. On décida de tourner le film dans des décors reconstitués aux les studios de Billancourt. Les décors faisaient 70 mètres de profondeur, outre l’Hôtel proprement dit, il fallait également prévoir le décor « canal Saint-Martin », donc, il fallait creuser la terre et la remplir d’eau. Il fut décidé de construire le décor non pas à l’intérieur du studio mais à l’extérieur, sur un terrain qui appartenait au cimetière de Billancourt. Le Producteur (Joseph Lucachevitch) réalisa assez vite que le décor (splendide et tellement bien reconstitué, NDLR) pouvait devenir un élément promotionnel important du film. Au cours de l’été 1938, les fidèles reconstitutions des décors seront achevés par Alexandre Trauner, dans les studios Paris-Studios-Cinéma de Billancourt. D’ailleurs, Alexandre Trauner (le décorateur) raconte même que Joseph Lucachevitch invita le « Tout Paris » à une grande réception sur le décor illuminé.

Hôtel du Nord, la consécration du film

Le film fut projeté en avant-première le 10 décembre 1938, au Cinéma Marivaux à Paris. Les critiques applaudissent le film « ensoleillé » et la mise en scène de Marcel Carné mais c’est surtout Arletty (de son vrai nom Léonie Bathiat) qui triomphe avec sa fameuse réplique : « Atmosphère, atmosphère, … est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? » Elle connaît dès lors une popularité immense et sera propulsée au rang de star française du cinéma avec ce rôle écrit pour elle.

Le film demeure le témoignage d’un cinéma français des années 30, d’une atmosphère populaire parisienne où la réalité sociale, le folklore d’une époque nous traduisent toute la poésie touchante de ce Paris d’avant-guerre.

 

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