Le canal Saint-Martin

La construction du canal Saint-Martin

Le canal Saint-Martin se situe dans les quartiers Est de Paris, il s’étend sur 4,5 km, et possède neuf écluses. Sa construction fut décidée par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, et fut achevée en 1825.

L’aménagement du canal Saint-Martin

Le long du canal Saint-Martin, on vit émerger de nouveaux quartiers industriels avec des entrepôts de vitriers, de meuniers, des constructions diverses.
Vers 1860, le Préfet de Paris Gaspard de Chabrol voulant un grand boulevard à l’Est (l’actuel Boulevard Voltaire), fut contraint de couvrir et voûter une partie du canal, le boulevard Richard-Lenoir était né. En 1890, l’achèvement des constructions des voûtes, l’aménagement de la partie à ciel ouvert et des écluses permit la transformation d’ouvrage de bois en deux ponts tournants « Dieu » et « Grange-aux-Belles ».

Le canal Saint-Martin au cinéma

Le décor et l’ambiance du canal furent source d’inspiration pour plusieurs artistes et cinéastes (Hôtel du Nord de Marcel Carné en 1938, Le Clan des Siciliens d’Henri Verneuil en 1969, Les Malheurs d’Alfred, de Pierre Richard en 1972, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet en 2001, …)

 

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L’Hôtel du Nord

L’Hôtel du Nord, origine de la bâtisse

Compte tenu des nombreux travaux de construction du canal Saint-Martin, il semblerait que l’Hôtel du Nord fut construit vers 1912. Il appartenait à Mr et Mme Dabit, les parents de Eugène qui écrira le roman éponyme en 1929. La bâtisse se compose de trois étages, avec huit fenêtres. Sur sa façade est inscrit en carrelage-mosaïque bleu « HOTEL DU NORD », qui est toujours visible aujourd’hui.
En 1938, c’est un humble hôtel de quarante modiques chambrettes, au parquet délabré mais énergiquement astiqué. L’escalier est étroit, on loue à la semaine. Les ouvriers, les chômeurs et les mariniers d’écluses s’y retrouvent. Des fenêtres, on y voit le canal et du grenier, où s’accumule un bric-à-brac coutumier, un panorama typique des toits de l’Est parisien d’avant-guerre. L’Hôtel du Nord possède une petite cour pittoresque avec son écurie, ses poules et son lavoir.
La salle de restaurant possède son zinc, ses dalles blanches et noires au sol, et ses tables accueillantes.

L’Hôtel du Nord, le projet de démolition

Dans les années 1970, l’hôtel se dégrade car la bâtisse n’est pas entretenue. Au journal télévisé de FR3 Île-De-France du 30 août 1984, le journaliste Rachid Arhab annonce qu’un permis de construire est accordé pour des logements neufs au 102 Quai de Jemmapes, à la place de l’Hôtel du Nord. Mais que le permis de démolition n’est pas encore accordé. À cette date, le propriétaire de l’Hôtel, insalubre, y loue des « meublés » à des travailleurs immigrés mais veut rénover pour reconstruire 9 logements et un commerce au rez-de-chaussée. Cependant les modestes locataires doivent être relogés avant de commencer les travaux.

Les parisiens sauvent l’Hôtel du Nord

Tout au long du XXème siècle, plusieurs projets menacent l’Hôtel du Nord, mais la ferveur des amoureux de Paris et du cinéma français est plus forte. Ils vont tous se mobiliser pour la bâtisse parce qu’elle représente une image forte de la mémoire collective du cinéma français.
Malheureusement, et compte tenu que le film n’ait pas été tourné dans les murs même de l’hôtel, il est difficile de classer la bâtisse comme « Monument Historique de Paris ». L’engouement des parisiens, des riverains et des artistes provoque des manifestations contre la démolition de l’Hôtel du Nord. Ils s’organisent et créent des associations de soutien.

Arletty, se prononce : « C’est un coin merveilleux de Paris, cela me touche beaucoup, c’est un peu comme la tour Eiffel…. Hôtel du Nord, j’adore ce quartier, c’est fou, il ne faudrait pas y toucher. Et je pense et j’espère que l’on laissera la façade de l’Hôtel du Nord (…) »

L’Hôtel du Nord, la résurrection

La détermination de riverains et d’artistes aura raison des bulldozers.

Le journal télévisé de 20h du 1er juin 1989 présenté par la journaliste Christine Ockrent présente la manifestation devant l’Hôtel du Nord. On peut constater que la façade est vétuste et dégradée, les fenêtres murées… Alain Lhostis, à cette époque, Conseiller municipal à la Mairie du Xème arrondissement de Paris mobilisera énormément de riverains. Jean-Claude Brialy répondra aux journalistes « ... Parce que même les américains parlent de l’Hôtel du Nord … ».
L’architecte du projet des nouveaux logements, Didier Morax, indiquera que « la seule façon de préserver cette image collective est de restituer, seule, la façade. »
Alexandre Trauner, l’illustre décorateur du film, dira « Le film est resté dans la mémoire des français (…) Cela me gênerait si ce bâtiment disparaissait … C’est devenu le synonyme de mon œuvre ».

Le 15 juin 1989, La commission des Sites des Monuments Historiques donne son verdict. L’illustre façade et le bord de la toiture seront classés.

Le chantier d’un immeuble de logements a bien lieu et le rez-de-chaussée de la bâtisse Hôtel du Nord est réhabilité en bistrot-restaurant traditionnel avec une grande salle de restaurant de 100 places, comme à l’origine, et ouvre à la mi-janvier 1996.
Au journal télévisé de TF1 du 5 février 1996, le nouveau propriétaire, James Arch, explique que les lieux ont été conservés et reconstitués fidèlement à partir des images du film. Au grand bonheur des clients du restaurant, l’ambiance chaleureuse demeure intacte.

 

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